L'evolution de la culture mongole dans les campagnes et a travers les ages
Et oui, apres 2 semaines pleines passees a battre la campagne mongole, nous voila tout impregnes de ce qui fait la grandeur de l'ame mongole, entre ciel bleu immense et verts paturages palis par l'automne, mais non moins vastes. Le titre un peu pompeux de ce post vous laisse peut-etre dubitatifs voire sceptiques : sont-ils encore en train de me jouer du pipeau ? Ont-ils vraiment pris d'assaut cette citadelle imprenable, l'ame forgee par le grand Gengis Khan, maitre de tous les Mongols ?
Et bien oui, meme si le titre sonne pompeux, je suis en mesure de vous donner la preuve en quelques vignettes de notre penetration extraordinaire de la pensee mongole, celle qui leur a permis de fonder le plus grand empire que la terre ait porte. J'illustre mon adaptation culturelle dans la serie qui suit.
Fier comme Artaban, le cavalier mongol ride sa monture depuis des temps immemoriaux (oui, il ride, il ne monte pas). Il galope dans les pres, saute les ruisseaux et accessoirement se dirige vers un champ de bataille. La legende dit que les Mongols etaient tous des soldats nomades, qu'ils se trimballaient 5 destriers chacun pour couvrir d'enormes distance tout en buvant du sang ou du lait de jument pour subsister pendant ces longues randonnees vers les champs de bataille. Veuillez noter le degre de maitrise de ma monture ! Il ne me manque plus qu'une bonne cote de maille, un arc et des fleches et je serais pret pour passer a l'attaque.
Bien apres le depecage de l'Empire mongol, les nomades des steppes ont continue a cavaler pendant des siecles et des siecles, jusqu'a l'intrusion de la modernite reifiee par cette moto chinoise, robuste comme pas 2, et qui permet aux neo-nomades de se deplacer plus rapidement donc de moins souffrir du vent et du froid qui soufflent sur les plaines.
Dans la foulee de la modernite se repand l'usage de l'eau de feu, comme chez les peaux rouge apaches et autres sioux, des collegues nord-americains a nous. C'est la debandade, y a plus que la picole qui compte, et pas de la picole de femelette (pardon mesdemoiselles, pardon mesdames) : on se tort les boyaux avec de la vodka (merci les bolcheviks) et avec de l'alcool d'Ayrak, communement appelee vodka mongole (non, ils ne sont pas top en marketing et quand ils tiennent un nom ils le declinent). L'Ayrak est l'equivalent du koumis khirgize, ce lait de jument fermente qui plaisait si peu a mon gosier. Et bien ils distillent cet alcool fermente pour obtenir un truc bien plus fort, avec le meme gout. Je ne parle meme pas de la biere, c'est a peine bon pour se rincer la gorge. L'usage de ces potions fait des ravages chez les males, ce qui laisse les femelles dans l'obligation de se coltiner la traite, les gosses, la bouffe, le tissage, le raccomodage et les touristes de passage ! (Ca fait beaucoup). C'est ainsi que le fier guerrier mongol, non content d'etre tombe de cheval, passe de l'homme debout a l'homme couche en moins d'une generation, la station "4 pattes" que vous voyez sur les photos n'etant qu'une hypothese anthropologique qui m'est toute personnelle.
Vous me direz : "Il exagere ! C'est pas Dieu possible !!" Et bien si ma petite dame, c'est possible et j'en apporte la preuve ultime, toujours par l'image :
Lorsque nous sommes arrives a sa yourte, ce gaillard gisait sur le sol dans la lumiere mourante du jour et son pote vomissait ses tripes derriere la petite cabane. Il est reste allonge pendant plus de 4h, alors que la nuit etait deja tombee. Le lendemain il n'a pas decroche un sourire, meme pas un bonjour en fait, faut croire qu'il etait pas dans son assiette. Ca ne l'a pas empeche de recommencer a teter. Je ne sais pas si Gengis Khan serait super fier de sa descendance. Il pourrait s'exclamer, tel un Georges Abitbol revenu de chez les morts : "Monde de meeeeeeeeerde..." (encore une fois cete supputation trans-historique est tres personnelle).
Voila pour la Mongolie, vous vous doutez bien que pour decrypter l'ame mongole nous avons du vider quelques boutanches, et parfois un peu plus. Mais nous sommes heureux de cette immersion en profondeur dans les trefonds d'une culture fondee il y a 8 siecles (j'insiste). C'est pas donne a tout le monde!
Mati