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les péripéties d'Aneva & Mati
14 août 2007

Ca vient

Salut la compagnie. Apres 2 semaines off dans les montagnes tadjikes nous sommes de retour aux affaires. J'ecris ce message depuis Osh, au Khirgistan (Francky : il est 19h57). Une ville, des filles en jupes, internet, du coca-cola pur jus, des toilettes interieures... Serions-nous de retour vers la civilisation ? Petit flash back et retour a Duchanbe, ou nous nous debattions dans les affres de l'administration tadjike.

Duchanbe suite et fin

Nous devions obtenir notre permis pour acceder a la region du Badakchan tadjik, via une agence. Le benet qui s'occupait de notre affaire a fait une erreur de dates en obtenant le permis, et ne nous laissait que 8 jours pour traverser le pays, alors qu'on avait prevu 15 jours. Du coup je suis retourne voir l'administration qui s'occupe de ces permis, et j'ai vecu un nouveau gag pendant 3h a me faire balader de bureau en bureau, juste pour changer une date. Finalement j'ai aterri devant la bonne personne qui m'a litteralement ri au nez, en m'envoyant a l'autre bout de la ville. Je lui ai donc dit tout le bien que je pensais d'elle en francais, les mots en russe me manquant.

Sur cette note bien sympathique nous avons leve le camp, apres avoir passe une semaine dans la capitale. J'en ai quand meme profite pour renouer avec le basket le temps d'un petit playground avec des moujiks tadjiks. Apres 8 mois sans basket les poumons sont un peu courts, malgre les trottes en montagne.

Khorog : les Pamirs, enfin

Gros morceau de route entre Duchanbe et Khorog. Un morceau de 17h avec un col sympa au milieu. Lors de la descente on apercoit en contre-bas une Lada Niva ecrasee au fond d'un raidillon et une jeep russe bloquee dans un torrent. L'etat des routes est moyen et les chauffeurs conduisent souvent 20h d'affilee. Un petit coup trop a gauche et c'est fini. De notre cote pas de probleme sauf que nous sommes coinces dans le coffre d'un gros 4x4, sur une rangee de sieges rajoutee. On croyait avoir achete du confort et de la rapidite, pour une fois, mais non : on a les genoux qui touchent le siege de devant et les dernieres heures seront bien longues. On longe la frontiere afghane pendant 200 bon km. Ca fait bizarre. De notre cote, une route (merdique, mais une route, avec des voitures dessus). Du leur, un chemin pour les bourricots. On voit quelques villages, les gens qui s'afferent aux travaux des champs. Par exemple faire tourner un boeuf sur du ble pour extraire le grain. Bienvenue au 21eme siecle. On arrive a minuit a Khorog, apres 17h de trajet. Le chauffeur, en bon taxi, nous reclame 10 somoni (2 dollars, alors qu'on a deja paye 200 somoni par tete) pour faire 2 kms de plus vers notre hebergement, alors qu'il va y dormir lui-meme ! On lui explique sauvagement notre facon de penser mais les tractations seront longues avant qu'il ne lache l'affaire ! Victoire, au lit, enfin.

1_route_khorog

Nous sommes au coeur des Pamirs, une region montagneuse situee entre le Centre et l'Ouest tadjik, a 3000m. Une riviere coule dans Khorog, avec des passerelles pour passer d'une rive a l'autre. Les gamins et les jeunes se baignent a 17 degres et plongent depuis une passerelle, pour sortir 500m plus bas. Sans hydrospeed bien sur. C'est un peu comme si on sautait dans l'Arve a Chamonix pour en ressortir aux Houches (en moins loin, OK). La ville est coincee dans les montagnes. On se remet gentimment du trajet, en squattant les terrasses en bois de la pension.

Et puis on retourne voir nos potes de l'Ovir, cette sorte de gendarmerie chargee d'enregistrer les etrangers dans toutes les villes ou ils passent, specialement au Badakchan car la region est autonome et consideree comme une paria par Duchanbe. Surprise, l'enregistrement pour lequel nous avions paye a Pendjikent n'est pas valable : il nous manque un recu. Evidemment, c'est de notre faute ! On nous fait comprendre que la corruption a fait 2 nouvelles victimes et que nous devons repasser a la caisse : 26 dollars par tete. Rage, cris, larmes. Quelques insultes quand on se fait traiter de menteurs par un petit moustachu teigneux. C'est incroyable de voir a quel point les reglements locaux sont inapplicables. Apres 3h de conversation tendue, on decide de payer et d'etre en regle, donc tranquilles pour sortir du pays sans encombre ; on a entendu des histoires sur des gens qui ont du payer des amendes de 350 dollars. C'est la force de la dissuasion. Au final, ce trop plein d'administration nous pompe l'air et nous fait perdre du temps pour rien. Nous aurons passe 14h dans 5 bureaux differents de l'OVIR, en 3 semaines. Et on se demande encore pourquoi.

On partage nos malheurs avec un couple hispano-italien : Eleonora et Roberto sont de joyeux cinquentenaires qui partent tous les etes pendant 2 mois. Ils cherchent des compagnons de route pour relier Mourghab, a l'Ouest, via la vallee du Wakhan, a la frontiere afghane. Banco, qu'on dit ! Et nous vla partis. Direction bazar pour trouver un chauffeur, regle en 30 minutes. Bonheur. C'est reparti pour 5 jours jusqu'a Mourghab.

Jour 1 : Mourghab -> Ishkasim

Nous faisons plus ample connaissance avec Payraf, notre chauffeur, et sa Kia 4x4. C'est un bon drille mais chauffeur c'est juste un hobby pour lui. En fait il est guitariste et compositeur, et travaille pour l'organisation d'un festival de musique folklorique. La c'est une periode de creux donc il promene des touristes et en profite pour voir du pays. Son festival est place sous l'egide de la fondation Aga Khan. Ce dernier est la plus haute autorite religieuse du pays, et il habite en Suisse ! Les pamiris sont en majorite Ismaelistes (une branche minoritaire du chiisme) et venerent Ismael Somoni, leur principal Imam. A tel point qu'ils mettent son portrait meme sur les bouteilles de vodka ! (mais que les bonnes, attention, c'est Roberto qui le dit). Nous longeons la riviere Panj jusqu'a Ishkasim, de l'autre cote c'est de nouveau l'Afghanistan. Route plaisante, riviere pleine de remous. Les montagnes de l'Hindu Kush sont a portee de lance pierre. Le Pakistan n'est qu'a 25 kms. La Kia fait quelques caprices avec son radiateur mais on s'en sort sans probleme.

2_Wakhan 3_tas_de_bouse_wakhan 4_baigneuses

Jour 2 : Ishkasim -> Langar

Le Wakhan est partage entre le Tadjikistan et l'Afghanistan. A hauteur d'Ishkasim se tient sur une ile de la riviere Panj le bazar hebdomadaire tadjiko-afghan. Tu laisses ton passeport a l'entree du pont et tu peux penetrer dans un mix sympathique : de loin on voit les afghans debarquer en tenue traditionnelle, comme a la tele, et les tadjiks sont un peu plus modernes. En tout cas tout le monde nous devisage et se demande ce qu'un blanc-bec en short (moi) peut bien foutre dans ce bazar. Le premier gars qui me parle me lance un "Hi man, wassup?" inattendu. Bronx / Afghan connexion. Un truc comme ca. Un tadjik se ballade avec un t-shirt "Hooked on Jesus" (litteralement "accroche a Jesus") qui montre bien que personne ne capte l'anglais, sinon il aurait surement eu quelques soucis. Un residu de l'aide internationale, certainement. Apres un petit tour on retourne voir Payraf et la Kia, et c'est reparti.

5_marche 6_marche

Il y a des forts depuis des centaines d'annees sur cette branche de la route de la soie. Dans l'un d'eux, on photographie des militaires qui prennent la pose jusqu'a l'arrivee du chef du bataillon, pas bien content du bordel. Il finira par se faire prendre en photo aussi. C'est important, les souvenirs.

On visite un petit musee campagnard, en russe, sans rien comprendre. La route est pas mal, on s'arrete de temps en temps voir les gamins qui se baignent, les femmes qui lavent les tapis sur la route, les femmes qui gardent le betail, les femmes qui font les foins avec des faucilles. Pas de faux. Elles progressent a 4 pattes. Pas de tracteurs evidemment. On cherche les hommes mais de toute evidence ils ont mieux a faire. On poursuit la route jusqu'a Vanj, nouveau musee. Le type qui nous fait la visite veut absolument nous garder chez lui, alors qu'on veut dormir 20 kms plus loin. Il nous fait le coup des Japonais : "il y a une heure, 15 japs se sont arretes, donc il n'y a plus de lit a Langar ! Restez chez nous, en plus c'est pas cher". Evidemment il n'arrete pas les routard confirmes que nous sommes.

Nous prenons le the chez des gens dans une maison pamiri traditionnelle, qui nous recommandent d'aller dormir dans une pension pres des sources d'eau chaude de bibi fatima. Pas de probleme, en plus il y a un fort a cote. Payraf pousse dans ce sens car il s'est fait copain avec un des fils de la maison, un militaire qui garde un poste frontiere avec l'Afghanistan et qui nous accompagne. Un contact qui lui permettra de faire passer sa bagnole sans encombre de l'autre cote de la frontiere, pour la revendre un peu plus cher l'an prochain. C'est le debut du business. Malheureusement les portes des sources (et d'un brain providentiel) nous sont fermees par la tenanciere qui a deja un groupe de tadjiks, et de toute evidence le melange ne lui plait pas. Nous remettons donc le cap sur Langar ; nous ne dormirons pas chez le nouveau pote de Payraf, ce qui a le don de le mettre en rogne. Mais il roule quand meme. Arrives a Langar, la seule pension est fermee suite a un raid de Japonais ! Non, le proprio s'est fait la malle a Duchanbe, il ne nous reste que nos yeux pour pleurer (il fait nuit et un peu froid) et Payraf sourit betement. Nous frappons a la premiere porte, une femme ouvre et se precipite pour chercher son oncle, qui nous montre la maison et nous accueille pour la nuit. Le repas est pret en 20 minutes, ils n'ont pas l'air embetes par notre debarquement inattendu et tardif. Payraf se sent bien, il raconte ses annees d'armee a la frontiere Mongole ou il etait... Chauffeur. Rien ne se perd, rien ne s'oublie.

7_famille_Langar

Jour 3 : Langar -> Bulunkul

Des le matin Payraf est dans la peau du business man : il achete une tenture brodee a la main, qu'il revendra a Duchanbe. Il est de belle humeur. Nous quittons la vallee du Wakhan pour rejoindre "l'autoroute", c'est-a-dire une route goudronnee. Entre les 2, une longue etape et le col de Khargush a 4200m. La gueule de Payraf s'allonge avec les kilometres, il n'avait pas prevu un tel chemin pour sa Kia. Il a tres peur pour le radiateur et veut retourner en arriere car il a oublie de prendre une reserve d'eau. En grands negociateurs on le convainc de faire 5 kms de plus et au bout de 200m on apercoit un ruisseau bien clair. Sauves.

On longe toujours l'Afghanistan, cette fois sans croiser personne. Quelques chameaux sauvages. C'est tout. Jusqu'a un poste de controle, que nous traverserons a pied.

8_poste

Ensuite ascension vers le col. En haut nous rencontrons 2 neerlandais a velo qui nous font sentir tout petits et un brin minables dans notre 4x4. On continue avec les marmottes siffleuses. Arrives a Bulunkul nous mettons le cap vers des sources d'eau chaude. Petit probleme : il faut traverser une riviere, personne ne s'y risque et on se rabat vers une yourte perdue ou l'on nous invite a deguster du fromage de Yak, de la creme de Yak, du beurre de Yak... Un vrai bonheur simple. Payraf trouve la fille de la yourte (Salambibi) tellement belle qu'il lui propose de s'occuper de sa future carriere de mannequin. De longs palabres la convainquent de laisser son adresse. 3eme yourte a gauche au fond de la plaine d'Alichur. Easy Payraf (lui 40 ans, elle 19 ans). On retourne au village pas propres mais heureux, on dine dans la famille qui nous accueille et on assiste a un pestacle d'etoiles filantes, on est bien.

9_Yak 1_1_yourte

Jour 4 : Bulunkul -> Bach Gumbaz

1_2_lac_yassil_kul

Cette fois les filles ont vraiment besoin d'un bain, donc on visite d'autres sources d'eau chaude, surplombant le lac Yassik Kul. Concretement ca se passe dans une cabane en pierre munie d'une baignoire avec vue sur le lac. Un reve. Meme pas de riviere a traverser. Il fait pur beau. Apres le bain tout le monde squatte dans l'herbe un moment, puis on decide de se remettre en route, au grand dam de Payraf, qui se voyait bien passer toute la journee allonge dans l'herbe. On tient bon, on se casse. On manque d'essence, on file donc vers Alichur ou Payraf joue au con, litteralement, en nous demandant tous les 20m quelle est la bonne direction alors qu'on parle pas un mot de la langue locale et qu'il n'y a aucun panneau dans le bled. Bref, Payraf fait sa crise. On arrive quand meme a trouver de l'essence, une vieille dame nous offre le pain qu'elle vient de cuire. Sympa ces gens. Je rentre dans une maison pour demander le chemin d'une maison de the, je trouve 3 "barbes blanches" qui se preparent a manger. L'un d'eux m'accompagne jusque sur le pas de la porte et en me voyant m'eloigner il m'interpelle, surpris : "Hey ! Tu me prends meme pas en photo ???!" (Ben si, la preuve par l'image ; il est mystique, ce vieux...)

Vieux

On mange un bout et on file vers Bach Gumbaz, ou nous visitons une jolie tombe, surplombant la plaine d'Alichur. On aurait aime monter vers les alpages pour trekker en altitude le lendemain mais Payraf et la Kia s'y opposent. "Chemin trop merdique" decrete-t-il. Comme on n'est pas surs de la destination, on abandonne le morceau pour une fois.

1_3_tombe

On toque a une yourte et comme l'avant-veille on peut rester dormir sans probleme. Premiere vraie nuit sous la yourte, avec le poele et tout. Rustique et sympa comme tout, avec toute la famille (3 generations). Papy paye sa vodka, enfin c'est son fiston qui lui a ramene : il est officier en douane, c'est de la vodka khirgize saisie. Pratique. Les gens nous expliquent qu'en hiver ils retournent dans les villages alentour et supportent des -60 en sensation thermique, avec un vent de fou en permanence. Faut vraiment etre ne la pour aimer ca.

Jour 5 : Bach Gumbaz -> Mourghab

De 6h30 a 8h mamy fait cuire le pain dans un enorme wok retourne qu'elle pose au-dessus du peole. On est reveille par une odeur sympa. Petit dejeuner et depart pour une rando avec Roberto. On est deja a 3600m. Eleonora reste au coin du feu. Payraf fait encore la tete car il pensait aller vite fait a Mourghab et rentrer a Khorog dans la foulee. Je crois qu'il en a marre de nous.
La randonnee commence par la traversee de la plaine d'Alichur et c'est pas facile. 4 km en une heure, en fait c'est un marais et on finit avec les pieds trempes. Cerise sur le gateau, il faut vraiment traverser la riviere. Aneva se lance la premiere (si elle passe, on passe !) ; courageux mais pas temeraires les gaziers. On trouve un gue ou l'eau monte jusqu'aux cuisses. Bien fraiche, mais c'est le debut de la rando, no problemo ! On grimpe pendant 3 bonnes heures mais sans arriver au sommet qu'on visait : on finit dans un pierrier et les sentiers n'existent pas, il reste probablement 1h30 de montee donc on rebrousse chemin. C'est que Payraf nous attend.
Le retour est un peu long et surtout on galere a trouver un gue. Cette fois c'est Roberto qui ouvre la voie, cul nu, et il faut 2-3 essais avant de trouver un passage ou l'eau n'arrive qu'a la taille. Enfin, on passe. On retrouve Payraf en grande conversation avec le chef de la yourte. Il se trouve que ce dernier est parent avec le pere de Salambibi ! Ca discute hotels de yourtes 5 etoiles, Payraf a convaincu son auditeur. Ce qu'il faut, dans cette immense plaine, c'est un hotel de luxe avec des yourtes de luxe et aussi un Business Center. Ils n'en demordent plus. On rappelle quand meme a Payraf qu'il se fait tard et qu'on a encore 2h de route.

Nous arrivons a Mourghab, logement en famille. Derniere soiree et echange d'impressions avec notre chauffeur qui nous dit qu'on etait un groupe super et qu'il avait tout de suite vu a quel point on etait cools. Cependant, il ne s'y risquerarait plus, a cause des mauvais chemins et de la sante fragile du radiateur de sa Kia. Je paye ma vodka du coup on se quitte vraiment bon copains, et il nous rappelle de revenir vite pour tester son futur hotel. Sacre Payraf !

Mati

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Commentaires
J
Nous attendons les photos du coin avec impatience<br /> <br /> Jean louis
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